Affaire Alino Faso, un décès qui envenime les relations ivoiro-burkinabè

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Le capitaine Ibrahim Traoré, avec l’activiste Alino Faso, mort séquestré dans une cellule de la gendarmerie en Côte-d’Ivoire.

Sur les réseaux sociaux, il partageait régulièrement des messages, critiquant parfois ouvertement les anciens dirigeants burkinabè, les organisations internationales, mais aussi les gouvernements voisins jugés « hostiles » à la transition burkinabè. Il résidait en Côte d’Ivoire.

Interpellé le 10 janvier 2025 à Abidjan, il était poursuivi pour intelligence avec un État étranger, complot, espionnage, diffusion de fausses nouvelles et collecte d’informations sensibles. Ses partisans dénoncent des accusations excessives dans un contexte de tensions régionales.

Selon les autorités ivoiriennes, on lui reprochait des faits d’intelligence avec des agents d’un État étranger de nature à “nuire à la situation militaire ou diplomatique de la Côte d’Ivoire ou à ses intérêts économiques essentiels, complot contre l’autorité de l’État, diffusion de nouvelles fausses de nature à entraîner une atteinte au moral de la population, rassemblement des renseignements de nature à nuire à la Défense nationale dans l’intention de les livrer à un État étranger et espionnage.”

Alors que des sympathisants du régime burkinabè dénonçaient une manœuvre politique, d’autres saluaient une action nécessaire contre ce qu’ils qualifient de « cyber-terrorisme ».

Malheureusement, l’activiste retenu dans une cellule à l’École de Gendarmerie d’Abidjan depuis plus de six mois pour des accusations d’espionnage et d’atteinte à la sécurité de l’État ivoirien, a été retrouvé mort par pendaison dans des circonstances jugées suspectes par plusieurs observateurs.

Dans un communiqué officiel publié dimanche 27 juillet, le procureur de la République près le Tribunal de première instance d’Abidjan a confirmé la mort d’Alain Christophe Traoré, survenue trois jours plus tôt.

« Le jeudi 24 juillet 2025, à 7 heures 30 minutes, Monsieur Traoré Alain Christophe, alias Alino Faso, détenu à l’École de Gendarmerie, a été découvert mort dans sa chambre », a précisé le procureur.

Tandis que l’enquête ivoirienne se poursuit, la pression monte autour de ce dossier sensible, qui risque d’aggraver les tensions entre Abidjan et Ouagadougou.

Pourquoi Alino Faso était en détention dans une école de gendarmerie plus de 6 mois après son interpellation et sans procès ? Pourquoi il a fallu 72 heures pour que l’information soit portée dans l’espace public par le biais d’un communiqué dont l’authenticité était difficile à établir ?

Autant de zones d’ombres relevées par le gouvernement burkinabè au lendemain du décès d’Alino Faso.

Les autorités burkinabè rejettent la thèse du suicide avancée par la justice ivoirienne et parlent d’un « acte assimilable à un assassinat ».

Devant la chargée d’affaires de l’Ambassade ivoirienne convoquée lundi, le chef de la diplomatie burkinabè Jean-Marie Karamoko s’est également indigné du fait que ni l’ambassade, ni le consulat du Burkina en Côte d’Ivoire n’avaient été informés officiellement, encore moins le ministère à Ouagadougou.

Alino était Burkinabè. Il avait acquis par alliance la nationalité ivoirienne, dont il a été déchue le 10 janvier à Abidjan à la suite de son arrestation.

Jean-Marie Karamoko a “exigé que le corps d’Alino Faso soit rapatrié” dans son pays natal, le Burkina.

Il a réclamé “toute la lumière sur ce drame”, tout en précisant que la mort d’Alino Faso ne restera pas impunie.

Les relations sont tendues entre la Côte d’Ivoire et le Burkina, qui partagent une frontière de 600 kilomètres, depuis l’arrivée au pouvoir du capitaine Ibrahim Traoré en septembre 2022.

Deux gendarmes ivoiriens interpellés en septembre 2023 au Burkina Faso, “après avoir illégalement franchi la frontière”, dans un contexte de tensions entre les deux pays voisins, ont été libérés en fin novembre 2024 grâce à une médiation togolaise.

Le Burkina, le Mali et le Niger ont rompu leurs liens avec la France pour former une confédération, l’Alliance des États du Sahel (AES), alors qu’Abidjan continue d’entretenir de bonnes relations avec Paris.

Manifestation à Ouagadougou devant l’ambassade de Côte-d’Ivoire, demandant la vérité sur les causes de la mort d’Alino Faso.

Par ailleurs, le capitaine Traoré a plusieurs fois accusé la Côte d’Ivoire de vouloir déstabiliser le Burkina Faso, ce qu’Abidjan nie.

La Côte d’Ivoire accueille sur son territoire plus de 66.000 réfugiés venant du Burkina qui fuient les violences terroristes.

Sur les réseaux sociaux, les soutiens d’Alino Faso réclament justice dans ce nouvel épisode qui vient donner un coup aux relations diplomatiques déjà tendues entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso.

Par : Haby Coulibaly / Afrique Première TV

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