Au Sénégal, le nouveau président ambitionne travailler dur pour s’assurer que tout l’argent du gouvernement soit dépensé judicieusement depuis son élection fin mars. Bassirou Diomaye Faye a ordonné mercredi 17 avril davantage d’audits et de contrôles financiers.
Au Sénégal, Bassirou Diomaye Faye campe sur ses positions : deux semaines après sa prestation de serment et pour son deuxième conseil des ministres, le nouveau chef de l’Etat multiplie les démarches pour vérifier les comptes publics. La semaine dernière, il a demandé à son gouvernement d’auditer les opérations des différents ministères et de revoir les finances du pays. Aujourd’hui, le président a ordonné de nouveaux audits et contrôles financiers.
Dans un premier temps, il a demandé à l’Inspection générale de l’État de rendre compte de chaque passation de service au sein des différents ministères du Sénégal. En termes simples, les ministres sortants devront rendre compte de la manière dont ils ont géré leur budget. Bassirou Diomaye Faye avait déjà annoncé la semaine dernière un audit des ressources humaines et budgétaires dans les différents ministères.
Les institutions de contrôle sont invitées à publier leurs rapports des cinq dernières années
Mais la mesure la plus importante sur laquelle s’intéressent les Sénégalais est l’obligation faite aux institutions de contrôle – comme la Cour des comptes, l’Office national de lutte contre la corruption et l’Inspection générale de l’État – de publier leurs rapports des cinq dernières années. Depuis 2019, ces trois organismes de contrôle de l’utilisation des fonds publics n’ont publié aucun document. Certaines organisations de la société civile ont accusé l’ancien président Macky Sall d’être responsable de ce blocage et de favoriser l’impunité.
Cette publication constitue une demande forte de la société civile pour plus de transparence et pour que les Sénégalais sachent comment l’argent public est dépensé. LONG Legs Africa applaudit la décision présidentielle mais appelle déjà à des mesures supplémentaires.
Il s’agit d’un grand pas vers la fin de l’impunité. Le président, ainsi que le Premier ministre, doivent s’assurer de donner suite à cette directive jusqu’à ce que nous obtenions des résultats, comme des décisions administratives et des actions en justice », a déclaré Elimane Haby Kane, le président.
Une autre décision a été prise de procéder à un audit du contrat entre le gouvernement sénégalais et la société de gestion des eaux du pays (Sen’eau), qui est en fait une filiale de la société française Suez. Certaines organisations de la société civile avaient fait part de leurs inquiétudes sur une éventuelle corruption lors de la signature du contrat en 2019. C’est un bon début, mais selon Elimane Haby Kane, le processus devrait être élargi : « Tous les partenariats public-privé pour les grands projets d’infrastructures, comme les autoroutes à péage, par exemple, doivent être clarifiées afin que les citoyens puissent comprendre. Il ne s’agit pas seulement de transparence, mais aussi de finalité et d’efficacité de l’action publique.
De nombreux projets sont en cours qui montrent l’engagement du nouveau président à examiner attentivement les finances. Aura-t-il le temps et les ressources pour tout faire ? « Diomaye enquête sur la gestion de Macky », lisaient jeudi matin plusieurs journaux sénégalais. Les ONG soutiennent les efforts de Bassirou Diomaye Faye pour prendre le temps de revoir ses finances.
Par : Daniella Aka / Afrique Première