La région de l’Oriental, située à l’est du royaume du Maroc, partage une frontière avec l’Algérie, pays avec lequel les relations historiques ont été tendues. Depuis 1994, les frontières sont fermées et les relations diplomatiques rompues depuis 2021. Pour les populations vivant des deux côtés de la frontière, cette situation est souvent déchirante.
Avant la colonisation française, la région Orientale n’avait pas de frontières. Mais depuis 30 ans, faire du commerce ou voyager entre le Maroc et l’Algérie est devenu légalement impossible. Dans les rues d’Oujda, ville marocaine frontalière avec l’Algérie, des jeunes comme Mounir auraient aimé vivre cette époque : « Nous sommes frères. Nos cœurs sont purs. Chacun peut penser ce qu’il veut, mais nous sommes frères. Quand les frontières étaient ouvertes, Oujda et Alger… nous avons travaillé ensemble, ils sont venus ici et nous sommes allés là-bas. »
Pour les générations plus âgées, représentées par Daoudi, ancien comptable à la retraite, les échanges ne se sont pas complètement arrêtés, il existe des alternatives pour aller en Algérie : « On passe par des endroits comme Ahfir, Bni Drar, ou encore à Oujda, facilement, nous ne leur faisons rien. Leur carburant arrive ici et nous pouvons envoyer nos légumes. Le problème, c’est la politique.
Pour beaucoup, la création puis la fermeture des frontières a été une expérience déchirante. D’Oujda au Maroc à Oran en Algérie, les familles, la langue et la culture sont souvent les mêmes. Brahim Karkharch est barista à Saïdia : « Mes parents viennent des montagnes de Bin Znassen et ces montagnes vont jusqu’en Algérie… »
Il regrette l’impact sur sa famille : « On parle amazigh et aujourd’hui, j’ai encore des cousins à Tlemcen et Bejaia, ça fait dix ans qu’ils ne sont pas venus, ça fait dix ans qu’on ne se parle pas. Les aînés sont passés. « , ceux qui nous ont réunis sont décédés et la politique a tout gâché. «
Voir vos amis mais ne pas pouvoir leur parler. C’est la situation étrange à Bin Lajraf, un lieu touristique sympa au bord d’une route de montagne. Le fleuve Oued Aghbal marque la frontière entre le Maroc et l’Algérie. De l’autre côté de la route, à quelques mètres, se trouve l’Algérie. Les gens des deux côtés peuvent saluer et discuter à distance, mais ils ne peuvent pas s’approcher trop près.
Driss est venu de Taza avec sa famille pour vérifier cette frontière. Il souligne : « Regardez comme nous sommes proches de l’Algérie, c’est juste là ! Mais si je veux y aller, je dois aller à Casablanca, prendre un vol pour Tunis et enfin arriver en Algérie. Les Marocains et les Algériens sont comme des frères. Nous avons tellement de points communs avec eux… Les problèmes sont politiques, mais les gens essaient simplement de vivre leur vie.
Par : Arsène de Bangweni