L’ombre sélective des médias
Dans le vaste théâtre des conflits mondiaux, les projecteurs médiatiques éclairent certains drames tout en laissant d’autres dans une obscurité profonde. Cette inégalité dans la couverture des conflits, influencée par des considérations géopolitiques, économiques et culturelles, questionne profondément l’objectivité des récits globaux.
Les médias occidentaux offrent une place de choix à la guerre russo-ukrainienne, tandis que d’autres guerres, souvent plus meurtrières, comme celles en Afrique, en Asie ou au Moyen-Orient, sont reléguées aux marges de l’actualité. Cette dynamique crée un monde où certains drames sont vus comme universels et d’autres comme périphériques.
L’Holocauste oublié de la RDC


Dans Holocauste au Congo, Charles Onana décrit une tragédie de grande ampleur souvent ignorée par les médias internationaux. Depuis les années 1990, la République Démocratique du Congo (RDC) a été le théâtre d’un conflit qui a coûté la vie à plus de six millions de personnes. Les raisons ? Des luttes pour le contrôle des ressources naturelles précieuses comme le coltan, utilisées dans nos téléphones et ordinateurs.
Pourquoi ce silence ? Parce que les bénéfices tirés de ces ressources profitent à des multinationales souvent basées dans les pays qui dominent le paysage médiatique mondial.
Le conflit israélo-palestinien et le nettoyage ethnique

Dans Le nettoyage ethnique de la Palestine, Ilan Pappé met en lumière une autre facette d’un conflit largement médiatisé, mais souvent biaisé dans son traitement. Il révèle les stratégies de figures politiques comme Benjamin Netanyahu, accusées d’avoir encouragé le déplacement forcé et l’expropriation des populations palestiniennes.
La polarisation de ce conflit montre comment les médias façonnent la perception publique, souvent en omettant les dimensions humaines au profit de récits politiques.
La guerre russo-ukrainienne : Un récit globalisé

Avec la guerre en Ukraine, le traitement médiatique atteint des niveaux sans précédent. Dans Guerre en Ukraine : Et si Poutine avait raison ?, des perspectives alternatives interrogent les responsabilités partagées et les intérêts occidentaux dans ce conflit.
Ce contraste flagrant entre la couverture de cette guerre et le silence autour de conflits africains montre comment les médias sont utilisés pour renforcer des narratifs géopolitiques dominants.
Les conflits oubliés : Afghanistan, Soudan, Pakistan



L’Afghanistan, malgré son importance stratégique, a presque disparu des gros titres après le retrait américain. Pourtant, les femmes et enfants continuent de souffrir sous le régime des talibans.
Le Soudan, lui, est divisé entre les conflits au Nord et au Sud, dévastant des millions de vies dans l’indifférence internationale. Au Pakistan, les luttes intestines et l’instabilité politique alimentent des crises humanitaires.
Ces tragédies, bien qu’intenses, n’attirent pas autant l’attention médiatique, révélant une hiérarchisation dans la valeur des vies humaines.
L’importance d’un récit africain
Dans ce contexte, l’Afrique doit impérativement reprendre le contrôle de ses récits. Les médias africains, comme Afrique Première TV, ont un rôle essentiel : porter des voix marginalisées, éclairer des injustices, et rétablir une représentation équilibrée du continent.
Pour cela, il faut des investissements dans des infrastructures médiatiques indépendantes, et une collaboration entre pays africains pour créer un réseau d’information continental.
Une prise de conscience nécessaire
Les médias façonnent la manière dont le monde voit les conflits. Lorsque certains récits sont ignorés, les souffrances qu’ils reflètent sont invisibilisées.
« Seul celui qui raconte son histoire contrôle son avenir. » Que l’Afrique prenne conscience de la force de ses récits, car ils sont les piliers de sa souveraineté et de son émancipation globale.
Par : Freedy Gapoun
