En Tunisie, la triste nouvelle d’une hausse des féminicides marque, mardi 10 décembre, la fin des seize jours d’activisme contre les violences faites aux femmes. Ce mouvement mondial organisé par ONU Femmes du 25 novembre au 10 décembre vise à sensibiliser à la lutte contre les violences faites aux femmes.
Malgré l’adoption d’une loi révolutionnaire la loi 58 adoptée en 2017 la violence est en hausse en Tunisie. Au moins 23 féminicides ont été enregistrés en 2023 et presque le même nombre en 2024, même si l’année n’est pas encore terminée, selon un rapport publié par l’UNFT.
Cela inquiète Radhia Jerbi, présidente de l’Union nationale de la femme tunisienne (UNFT), qui travaille en étroite collaboration avec le ministère de la Femme. « Il semble que les facteurs socio-économiques soient les causes directes de l’augmentation des violences en Tunisie, notamment les violences contre les femmes et les féminicides. Les familles peinent à subvenir aux besoins de leurs proches, ce qui entraîne des conflits économiques », dit-elle.
Selon l’étude, le féminicide survient souvent à la suite de violences domestiques et touche les femmes issues de couples relativement jeunes, entre 30 et 40 ans.
Il existe actuellement moins d’une dizaine de refuges ou d’hébergements d’urgence pour les femmes victimes de violences dans le pays. Il est donc encore plus difficile pour ces femmes qui souhaitent s’éloigner d’un mari violent de trouver un logement sûr.
Beaucoup de ces femmes ont déposé plainte mais n’ont pas pu mener à bien le processus. Malgré l’existence d’une loi contre la violence, de nombreuses lacunes subsistent dans sa mise en œuvre. « C’est ce qui nous dérange car il faut à terme travailler à changer les mentalités et faire en sorte que la loi 58 soit plus largement adoptée par les institutions tunisiennes comme la police et la gendarmerie, et aussi se concentrer sur la protection de ces femmes », a ajouté Radhia Jerbi à RFI.
Par : Ali Habib Camara / Afrique Première