Les patients algériens vont désormais se rendre dans d’autres pays pour se faire soigner. Des pays comme la Belgique, l’Italie ou la Turquie, par exemple. Mais plus la France, affirme Abdelmadjid Tebboune, au milieu d’une polémique sur des factures médicales impayées, un nouvel épisode d’une crise diplomatique majeure entre Alger et Paris qui dure depuis juillet 2024.

En Algérie, le président Abdelmadjid Tebboune a annoncé que les patients algériens ne seraient plus hospitalisés en France pour y être soigné. « Nous avons décidé de ne plus envoyer nos malades en France. Ils iront dans d’autres pays européens, comme l’Italie, la Belgique ou la Turquie. C’est le résultat de tous les problèmes auxquels nous sommes confrontés », a-t-il déclaré dans un entretien au journal français l’Opinion du 2 février, au milieu de la polémique sur les factures médicales impayées qui a récemment agité la presse française. Selon plusieurs médias français, des Algériens quittent les établissements de l’Assistance publique Hôpitaux de Paris (APHP) sans payer leurs soins.
« 45 millions d’euros, c’est la dette algérienne envers les hôpitaux parisiens en 2023 », rapportaient il y a quelques jours les médias français, certains qualifiant même de « scandale médical », tandis que les médias algériens contestent ces chiffres et dénoncent une campagne de désinformation. Le président Tebboune a en revanche rejeté les récents chiffres avancés par les médias français concernant le montant de la dette algérienne envers les hôpitaux en France. Selon le chef de l’Etat, le montant des impayés est estimé à seulement 2,5 millions. Un chiffre qui correspond à celui fourni par le gouvernement français cette semaine.
« Entre 2007 et 2023, l’Algérie a fourni 150 millions d’euros de financement, et à ce jour, 2,58 millions d’euros restent à collecter. Cet argent est destiné au système public de santé, ce qui est facile à comprendre », a expliqué Yannick Neuder, le ministre français de la Santé. Ministre de la Santé, lors d’une audition au Parlement. Le président algérien a évoqué qu’il y avait un différend sur ce montant. « Cela fait trois ans que nous attendons une rencontre avec les hôpitaux de Paris pour régler ce différend. L’Algérie paie toujours ses dettes, mais nous voulons nous assurer que les services fournis sont justifiés », a-t-il déclaré.
La crise diplomatique entre Paris et Alger a débuté fin juillet 2024 lorsqu’Emmanuel Macron a reconnu la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. Depuis, les dirigeants des deux pays échangent des propos passionnés et des accusations, créant une atmosphère tendue qualifiée de « toxique » par Abdelmadjid Tebboune. Les événements récents, tels que l’affaire Boualem Sansal et l’échec de l’expulsion d’un influenceur algérien par la France, ainsi que l’intention de Paris de contester un accord de 1968 sur l’immigration algérienne, ont encore tendu les relations. De plus, l’Algérie a rouvert la question des essais nucléaires coloniaux de la France dans le désert algérien. »
Par : Ali Habib Camara / Afrique Première TV