Cameroun : crise post-électorale, les germes de la répression portent des fruits !

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Les images des manifestations post-électorales à Douala, la capitale économique du Cameroun.

Des blessés, des arrestations et, pire encore, des décès sont signalés. Les organisations de défense des droits humains dénoncent une situation catastrophique. Le gouvernement fait état de 16 morts et de 800 personnes emprisonnées, mais certaines organisations de défense de droit de l’homme, comme le Collectif de défense citoyenne, contestent ces chiffres. Ce collectif, qui compte 149 avocats et est dirigé par Me Thierry Njifen, a mené sa propre enquête allant du 3 au 16 novembre. Il constate que 39 personnes sont décédées et que 1 900 sont détenues dans des conditions déplorables à travers le pays.

À cette triste nouvelle s’ajoute le décès d’Anicet Ekane, homme politique et dirigeant du parti UPC-Manidem, survenu le 1er décembre dans une cellule du Secrétariat d’État à la Défense (SED) à Yaoundé. Il avait été arrêté le 24 octobre en même temps que le Dr Djeukam Tchameni, quelques jours avant la proclamation des résultats définitifs. Tous deux sont de fervents partisans d’Issa Tchiroma, qui est déclaré perdant de l’élection présidentielle et conteste toujours la victoire de Paul Biya.

 Depuis la proclamation de la victoire de Paul Biya, de nombreuses manifestations ont eu lieu à travers le pays, notamment dans le septentrion, sur le littoral et dans l’ouest. Les forces de sécurité sont en état d’alerte maximale et des arrestations arbitraires et des mauvais traitements sont signalés, selon des organisations de défense des droits humains.

Vanel Paulin T. Ntouba, jeune soutien du candidat malheureux Issa Tchiroma Bakary en cavale suite aux multiples menaces d’arrêt par les autorités.

Vanel Paulin T. Ntouba 25 ans, jeune membre du comité jeunesse du FSNC, parti soutenant Issa Tchiroma Bakary, en est un exemple parlant. Il traverse une période difficile depuis le début des manifestations le 27 octobre.

Présent aux manifestations qui ont suivi le résultat, il est ciblé lors des marches au quartier Cité Sic à Douala, depuis le 29 octobre il subit une chasse à l’homme. Arrêté avec deux autres militants par les policiers du Commissariat du septième arrondissement de Douala, ils sont humiliés torturés dans la rue, déshabillés, ils reçoivent des coups et blessures graves, heureusement il parvient à s’échapper.

 Le lendemain ses camarades suite à la torture donnent à la police la localisation du domicile du fuyard Vanel. Depuis le 2 novembre après une enquête bâclée il est considéré comme le chef de fil et meneur des troubles menaçant la sécurité de l’Etat et aussi visant à provoquer une insurrection nationale, les autorités camerounaises le qualifient de terroriste. Actuellement il vit d’un refuge à un autre malgré ses blessures. Son cousin avec lequel il partage le loyer est sous pression, menacer régulièrement par la police le contraignant à fournir des informations concernant la cavale de son frère.

Vanel Paulin Ntouba n’est pas seul dans cette situation au Cameroun, toutes les figures contestataires sont violemment réprimées, Issa Tchiroma Bakary lui-même menacé a trouvé refuge en Gambie après un bref passage au Nigeria. Le jeune soutien du candidat malheureux à la présidentielle, dit vivre un calvaire, car il est en voie de tout perdre, son emploi, sa stabilité peut-être sa vie qui est menacée aussi depuis plus d’un mois.

Le décès d’Anicet Ekane caractérise le degré de la répression, de la cruauté et de l’intimidation qui règne au Cameroun depuis quelques années, avec le verrouillage de toutes libertés. Plusieurs manifestants camerounais ciblés par les autorités de Yaoundé, de peur d’un emprisonnement arbitraire dans des conditions inhumaines ou de la mort ont choisi le chemin de l’exile dans des pays voisins ou lointains, en attendant le retour de la sérénité, Dieu voulant comme disent les religieux.

Par Arlette Ngo Nlend / Afrique Première TV

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