La prison du FCFA : un vestige colonial qui freine l’Afrique
Depuis sa création en 1945, le franc CFA symbolise l’ancrage de l’Afrique subsaharienne dans une dépendance monétaire à la France. Utilisé dans 14 pays, il est présenté comme un levier de stabilité. Pourtant, cette monnaie est une véritable prison économique. Liée à l’euro, elle prive les pays africains d’une politique monétaire autonome, les rendant vulnérables aux fluctuations extérieures.
Pour le Cameroun, cette dépendance a des conséquences désastreuses :
- Absence de souveraineté monétaire : Les décisions stratégiques sont prises à Paris ou dans des banques centrales largement influencées par des intérêts français.
- Fuite des ressources : 50% des réserves de change des pays utilisant le FCFA sont déposées au Trésor français, un mécanisme archaïque qui prive les nations africaines de leurs richesses.
- Entrave au développement économique : Le taux fixe du FCFA avec l’euro limite les exportations compétitives et alourdit les coûts pour des économies basées sur les matières premières.
Le spectre d’une nouvelle dévaluation : une répétition de 1994 ?
La dévaluation du franc CFA en 1994, orchestrée par la France et le FMI, reste gravée dans les mémoires. Ce « moment historique », comme le décrivait alors le ministre français Edmond Alphandéry, a entraîné un effondrement brutal du pouvoir d’achat, une explosion de la pauvreté, et des tensions sociales persistantes. Aujourd’hui, la menace d’une nouvelle dévaluation plane, comme en témoigne le récent sommet extraordinaire de la CEMAC à Yaoundé
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.L’idée de dévaluer le FCFA en 2024 semble être une tentative pour sauver une France en difficulté économique, au détriment des pays africains. En pleine crise mondiale, un tel acte équivaudrait à sacrifier les populations africaines pour des intérêts étrangers.
Pourquoi une dévaluation serait catastrophique ?
- Inflation galopante : Une dévaluation entraînerait une augmentation des prix des produits importés, aggravant la précarité des ménages.
- Fuite des capitaux : Les investisseurs locaux et étrangers perdraient confiance dans la stabilité économique.
- Explosion de la dette publique : Une monnaie affaiblie augmenterait mécaniquement le coût de la dette extérieure, souvent libellée en euros ou en dollars.
Comme en 1994, les conséquences seraient dévastatrices, mais cette fois, les populations sont plus éveillées et prêtes à s’opposer à une telle décision.
Le besoin urgent d’une monnaie nationale pour le Cameroun
Adopter une monnaie nationale représente une étape essentielle vers la souveraineté économique. Une monnaie propre offrirait au Cameroun :
- Indépendance monétaire : Le pays pourrait ajuster ses taux de change en fonction de ses priorités économiques.
- Contrôle des politiques publiques : Les réserves de change et les décisions économiques resteraient entre les mains des Camerounais.
- Promotion du commerce intra-africain : Une monnaie nationale pourrait renforcer les échanges dans le cadre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF).
Les défis de la transition monétaire
Cependant, cette transition nécessiterait :
- Stabilité macroéconomique : Éviter une inflation excessive et maintenir la confiance des investisseurs.
- Renforcement des institutions financières : Créer une banque centrale indépendante et des mécanismes efficaces de régulation.
- Collaboration régionale : Les pays de la CEMAC devraient envisager une sortie collective pour mutualiser les coûts et renforcer l’union économique.
Apprendre des expériences passées
D’autres pays africains ont choisi d’abandonner le franc CFA avec des résultats contrastés :
- La Guinée : Bien qu’affaiblie par des pressions internationales après l’adoption du franc guinéen, elle a su conserver sa souveraineté.
- La Mauritanie : L’introduction de l’ouguiya en 1973 a renforcé l’identité nationale, malgré des défis économiques.
- Le Nigeria et le Ghana : Avec le naira et le cedi, ces pays démontrent qu’une monnaie indépendante peut coexister avec des contraintes globales.
Une opportunité historique pour le Cameroun
Le Cameroun a aujourd’hui l’opportunité de devenir un leader régional en matière de souveraineté monétaire. La création d’une monnaie nationale pourrait inspirer d’autres pays africains à sortir du joug du FCFA, mettant fin à une dépendance de 80 ans.
« L’heure est venue pour les dirigeants de la CEMAC d’écrire une nouvelle page de l’histoire africaine. La libération monétaire n’est pas un luxe, mais une nécessité pour bâtir un avenir durable et équitable. »
L’Afrique n’a jamais été aussi prête à rompre ses chaînes. Le Cameroun doit maintenant montrer la voie.
Par : Freedy Gapoun