Un nouveau rapport de l’agence des Nations Unies pour les migrations montre que l’augmentation de la violence en Haïti en raison des affrontements avec des bandes armées depuis mars a entraîné le déplacement de près de 580 000 personnes. Ce chiffre est alarmant et met en évidence l’ampleur de la crise dans ce pays des Caraïbes.

Haïti est aux prises avec des troubles depuis longtemps, mais fin février 2024, des gangs ont lancé des attaques coordonnées avec des hommes armés qui ont pris le contrôle des commissariats de police, ont tiré sur le principal aéroport international resté fermé pendant près de trois mois et ont pris d’assaut les deux les plus grandes prisons d’Haïti.
Selon un rapport publié mardi par l’Organisation internationale pour les migrations, le déplacement de plus d’un demi-million de personnes est principalement dû au fait que les habitants fuient la capitale, Port-au-Prince, pour chercher refuge dans d’autres provinces qui ne disposent pas des ressources nécessaires pour les aider.
En mars, l’organisation a signalé plus de 362 000 personnes déplacées à l’intérieur du pays. Depuis, les violences ont plus que doublé le nombre de personnes déplacées dans la région du sud – déjà dévastée par un tremblement de terre en 2021 – qui est passé de 116 000 à 270 000.
Presque toutes les personnes déplacées à l’intérieur du pays sont actuellement hébergées dans des communautés déjà aux prises avec des services sociaux surchargés et des infrastructures médiocres, ce qui soulève des inquiétudes supplémentaires quant aux tensions qui pourraient déclencher de nouvelles violences, indique le rapport.
Des gangs en sureffectifs et dotés de puissants arsenaux
Avec plus de 2 500 personnes tuées ou blessées en Haïti au cours des trois premiers mois de l’année, la Police nationale haïtienne, en sous-effectif et débordée, n’a pas été en mesure de contrôler la situation face aux gangs dotés de puissants arsenaux.
Marie Jean, 49 ans, et ses deux enfants ont été contraints de quitter leur domicile à Port-au-Prince après que son mari a été tué par un gang en février. Ils fréquentent désormais une école publique. « Je vivais dans une maison confortable que mon mari a travaillé dur pour construire », explique Marie Jean à l’Associated Press. « Maintenant, je vis dans une situation terrible. »
Juste Dorvile, 39 ans, est également hébergée dans une école publique avec sa fille de 12 ans et son petit ami, alors que des coups de feu sont constamment entendus dans le quartier. « Chaque jour, nous espérons survivre », dit-elle.
Alors que les gangs contrôlent au moins 80 % de Port-au-Prince et des principales routes menant au reste du pays, de nombreuses personnes vivent dans des abris de fortune, notamment des écoles et des établissements d’enseignement qui hébergent désormais plus de 60 000 personnes.

Les gangs extorquent également de l’argent à ceux qui souhaitent emprunter les autoroutes ou menacent les conducteurs de restituer leurs camions volés sur les routes, où la présence policière est rare.
Le nouveau Premier ministre par intérim d’Haïti, Garry Conille, nommé le mois dernier à la tête d’un cabinet, a assisté mardi à une cérémonie au cours de laquelle plus de 400 officiers ont obtenu leur diplôme de l’académie de police, dans l’espoir qu’ils contribueront à réduire la violence des gangs en Haïti. Il a rappelé aux diplômés que la population compte sur leur dévouement pour lutter contre l’insécurité.
« Vous devez savoir que vous n’êtes pas seul », a déclaré M. Conille. « Vous êtes l’espoir de la population en ce moment crucial de notre histoire. »
La violence est également en hausse en dehors de la capitale haïtienne. La semaine dernière, des groupes armés ont attaqué des familles à Terre-Neuve, un village du nord d’Haïti, forçant plus de 1 000 personnes à fuir leurs maisons pour se réfugier dans des zones plus sûres.
Par : Arsène de Bangweni