
Comment l’Afrique peut-elle sortir de la crise monétaire ? Une vingtaine de monnaies africaines ont atteint leur plus bas niveau ces derniers mois. En Egypte, la livre a perdu la moitié de sa valeur. Au Nigeria, le naira, dévalué deux fois en un an, commence à se redresser légèrement, mais sur le long terme, le shilling kenyan et le cedi ghanéen perdent de la valeur face au dollar.

Le cedi baisse à nouveau au Ghana, et cela est dû à deux choses qui se produisent en même temps : une inflation élevée depuis deux ans et un dollar fort. Appiah Kusi Adomako, qui travaille pour une organisation de protection des consommateurs à Accra, explique que le Ghana dépend des importations de biens et de services. Lorsque le cedi perd de la valeur, il coûte plus cher d’importer les mêmes choses. Et lorsque les prix du gaz augmentent, cela affecte les transports, ce qui entraîne une hausse des prix de la nourriture, du ciment, de l’électricité, etc. La perte de valeur du cedi par rapport au dollar provoque une réaction en chaîne qui affecte l’ensemble de l’économie.
Au Ghana, l’année 2022 s’inquiète. La pandémie de Covid-19 et la guerre en Ukraine avaient déjà mis à mal la monnaie ghanéenne, considérée comme forte. L’inflation dépassait les 50 % et la situation semblait hors de contrôle, selon Appiah Kusi Adomako. Les Ghanéens espèrent que les choses ne vont pas aussi mal qu’en 2022, lorsque le taux de change est passé de 6 à 15 cedis pour un dollar. À l’époque, les prix changeaient toutes les heures.
Chaque pays a sa propre monnaie et ses spécificités, mais ils sont tous confrontés au même problème : le dollar, principale monnaie de transaction internationale, reste fort et les réserves des banques centrales diminuent.
Il y a un an, le Soudan du Sud a décidé de cesser d’utiliser le dollar pour renforcer sa monnaie locale. La dédollarisation est une solution.
« L’Afrique doit progressivement s’affranchir des systèmes de paiement internationaux traditionnels. Actuellement, utiliser le dollar coûte très cher avec des délais de transaction très longs », estime l’économiste internationale sénégalaise Magaye Gaye.
« Ces pays devraient s’orienter vers des stratégies efficaces de dédollarisation de leurs économies extérieures en diversifiant au mieux leurs partenaires commerciaux. Cela passe par le renforcement du commerce intra-africain, qui est actuellement faible. Il ne représente que 15% du commerce intra-africain’’.
Pour s’éloigner du dollar, le Ghana a lancé son programme « Gold for Oil » plus tôt cette année. Face à la nouvelle baisse du cedi, la banque centrale ghanéenne demande désormais au gouvernement d’étendre ce programme aux banques commerciales.
Par Arsène de Bangweni