La CEDEAO cinquante ans après sa naissance, quel bilan ?

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La CEDEAO, devenue une coquille vide sans aucune véritable influence, cinquante ans plus tard.

Selon certains observateurs, l’organisation traverse actuellement une période difficile. Cependant, la CEDEAO a démontré par le passé sa capacité d’adaptation. En 1990, lors du conflit au Libéria, elle a formé l’ECOMOG, une force d’intervention. Neuf ans plus tard, elle a abordé les questions de sécurité en adoptant un protocole sur la paix et la sécurité, suivi d’un autre protocole en 2001 axé sur la démocratie et la bonne gouvernance.

Mais avec la montée des conflits et de l’extrémisme violent, la CEDEAO est confrontée à des défis auxquels elle n’était pas préparée. Amandine Gnanguénon, chercheuse senior à l’Africa Policy Research Institute de Berlin, explique : « La CEDEAO a eu du mal à tout gérer simultanément : mettre en place des mécanismes, intervenir et prévenir. Elle a perdu le contrôle de son agenda au profit de nouvelles structures comme le G5 Sahel et l’Initiative d’Accra. »

Aujourd’hui, avec la naissance de la SEA, la survie de la CEDEAO est en jeu. Pour perdurer et faire la différence, l’organisation doit entreprendre de profondes réformes. « Elle doit revenir à ses principes d’origine d’intégration économique et politique, se concentrer sur les populations et faire preuve de transparence dans ses actions. »

À ses débuts, la CEDEAO était censée jouer un rôle essentiellement économique. Des avancées ont été réalisées, mais les objectifs, notamment celui d’un marché commun ouest-africain, n’ont pas tous été atteints.

Parmi les réussites, on peut citer la libre circulation des personnes et des biens. Avec la carte d’identité CEDEAO, il n’est plus nécessaire de posséder un titre de séjour pour accéder à tous les emplois, à l’exception des emplois publics, dans tous les pays de la région. C’est là le grand succès, selon le chercheur sénégalais Pape Ibrahima Kane, qui cite également la taxe communautaire permettant l’harmonisation des droits de douane.

En revanche, les projets d’infrastructures avec corridors de transport sont plus contrastés. Seul celui entre Abidjan et Lagos est une réalité. Les autres réseaux routiers ne tiennent pas leurs promesses. Le commerce intrarégional stagne à moins de 15 % des exportations totales.

Chaque pays continue de faire cavalier seul. Les économies se sont révélées peu complémentaires et la monnaie unique a été annoncée à plusieurs reprises, mais toujours repoussée. Disparités de ressources entre les pays, manque de leadership crises à répétition, la dernière en date étant la sortie du Mali du Niger et du Burkina Faso… Autant d’imbroglios qui empêchent la CEDEAO de réaliser ses ambitions de 1975.

Par : Daniella Aka / Afrique Première TV

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