Par Karine Bechet-Golovko
Mondialisation.ca, 02 avril 2024
L’enquête démontrant une trace ukrainienne dans l’attentat du Crocus City Hall à Moscou, qui a fait à ce jour 144 morts, dont 5 enfants, et 551 blessés, a été établie par le Comité d’enquête de la Fédération de Russie. Si pour la réalisation de cet attentat du 22 mars dernier, des terroristes islamistes ont été recrutés, ce n’est pas une organisation terroriste, qui a commandité ce crime. La Russie demande donc officiellement à l’Ukraine d’extrader les responsables des actes terroristes commis sur son territoire.
Le Comité d’enquête de la Fédération de Russie a établi avec certitude la piste ukrainienne. Cela concerne à la fois la question du financement, avec des fonds et des crypto-monnaies en provenance d’Ukraine.
Mais aussi un lien a été confirmé entre les neuf personnes arrêtées et les extrémistes ukrainiens.
De son côté, le directeur du FSB, Bortnikov, a déclaré que les Etats-Unis avaient bien transmis des informations à la Russie, mais que ces informations avaient un caractère général. Quelques précisions ont également été apportées, notamment en ce qui concerne la destination des terroristes : ils étaient bien attendus en Ukraine, où ils devaient recevoir le reste du paiement et être accueillis en héros. Ainsi, la piste biélorusse n’existe médiatiquement, que suite aux déclarations … des biélorusses.
Bortnikov a par ailleurs souligné l’aide des services occidentaux :
« Nous pensons qu’il en est ainsi. Quoi qu’il en soit, nous parlons maintenant de l’image que nous avons de la situation. C’est une information générale, mais nous en avons aussi beaucoup encore en travail », a-t-il déclaré, répondant à la question de savoir si les États-Unis, la Grande-Bretagne et l’Ukraine sont à l’origine de l’attaque terroriste »
La Russie a donc remonté jusqu’à l’Ukraine et c’est certainement la raison pour laquelle le Département du Comité d’enquête en charge de l’affaire est celui des crimes de guerre et des génocides. Car ce crime a été commis alors que formellement l’Ukraine est en guerre contre la Russie.
Dans ce contexte, le ministère russe des Affaires étrangères s’est officiellement adressé à l’Ukraine, dans le cadre des deux conventions de Genève contre le terrorisme et contre le financement du terrorisme, pour qu’elle lui délivre les responsables des actes terroristes commis en Russie, puisque celui-ci est loin d’être le premier. Il s’agit notamment :
« Parmi ces demandes figure l’arrestation du chef du SBU V. Malyuk, qui a cyniquement admis le 25 mars que l’Ukraine avait organisé le bombardement du pont de Crimée en octobre 2022 et révélé les détails de l’organisation d’autres attentats terroristes en Fédération de Russie. »
Le formalisme juridique en Russie est généralement poussé à l’extrême, voyons ce qu’il en sera lorsque les procédures judiciaires seront terminées. La Russie va-t-elle s’arrêter à l’Ukraine et comment entend-elle la faire répondre de ses crimes ? Ou bien les autorités russes vont-elles également aller chercher ceux, qui tirent les ficelles, car il serait bien naïf, même si très confortable, de considérer l’Ukraine comme un Etat et un Etat capable de prendre de manière autonome des décisions et de les réaliser …
A suivre.
Karine Bechet-Golovko