Les responsables tunisiens du ministère de l’Agriculture, des Ressources en Eau et de la Pêche sont très inquiets de manquer d’eau à cause de la sécheresse. On ne cesse de répéter que l’eau des barrages disparaît à cause du réchauffement climatique. Pour faire face aux besoins croissants en eau à mesure qu’elle se raréfie, le gouvernement promet de prendre certaines mesures.
Les autorités tunisiennes pensent avoir trouvé le coupable : l’évaporation de l’eau qui fait perdre au pays 650 000 mètres cubes d’eau par jour. Mais pour Gil Mahé, hydroclimatologue et directeur de recherche à l’IRD, le problème est ailleurs. « Bien sûr, lorsque vous avez des barrages qui ne sont remplis qu’à 30 %, l’évaporation devient un problème. En termes de pourcentage, elle devient plus importante par rapport à ce qui reste. Mais le vrai problème est le manque de pluie. Ce n’est pas l’évaporation. «
Pour lutter contre la sécheresse, la Tunisie veut se tourner vers l’ensemencement des nuages, une technique qui induit artificiellement de la pluie dans des zones précises. Mais pour Gil Mahé, « c’est une fausse solution. Nous ne savons pas comment faire, et même si nous le faisions, nous ne pourrions pas le contrôler ».
Construire six nouveaux barrages dans le pays est une autre solution proposée par les autorités tunisiennes. « Construire des barrages est toujours une option. Cependant, il existe une autre préoccupation lors de la construction de barrages, car ils retiennent également le sable », note Gil Mahé. « Quand le sable n’atteint plus la mer, cela accélère l’érosion côtière. C’est donc un autre défi. »
Il s’agit d’un défi de taille pour la Tunisie, confrontée depuis plusieurs années à une grave érosion côtière aux conséquences irréversibles. « Ce qui se passe en Tunisie est un avant-goût de ce qui va se passer à l’échelle mondiale », observe l’hydroclimatologue. « C’est triste et malheureux, mais la partie nord de la Tunisie sera bientôt submergée. »
Pour la Tunisie, comme pour de nombreux pays africains et au-delà, le casse-tête de l’accès à l’eau, avec ses conséquences environnementales, ne fait que commencer.
Par : Ali Habib Camara / Afrique Première Tv