Les rebelles sont entrés dans la ville mardi soir après plusieurs jours de combats. Rubaya est située à une quarantaine de kilomètres au nord-ouest de Goma, dans le territoire de Masisi. Cette région est connue pour ses mines précieuses, qui constituent une source de revenus majeure pour de nombreuses personnes.
Après plusieurs jours de combats au bilan incertain contre les soldats des FARDC et les milices alliées dans les collines environnantes, le groupe rebelle a retrouvé une ville ouverte. Le groupe a même encouragé la population à reprendre ses activités d’ici mercredi. Mais avant cela, ils ont dû affronter pendant plusieurs jours les soldats des Forces armées de la RDC (Fardc) et leurs milices alliées dans les collines environnantes, avec un bilan humain de ces combats inconnus jusqu’à présent.
Selon des membres de la société civile, le M23 a poursuivi jeudi sa route vers les localités environnantes. Ils se trouvent désormais aux portes de Ngungu, et à quelques kilomètres seulement de la ville de Masisi.
Dans le même temps, de nombreux civils ont quitté Rubaya, notamment vers un point de retraite appelé Katoyi. Mais les travailleurs humanitaires s’inquiètent de leur approvisionnement, car les rebelles contrôlent désormais les voies de transport dans cette région.
Sur le réseau social X, le porte-parole du groupe soutenu par le Rwanda, Willy Ngoma, s’est vanté de cette réussite : une « action salvatrice pour libérer la population », selon lui.
Rubaya est une zone d’intérêt en raison de ses ressources minérales : ses environs sont riches en coltan, cobalt, étain, tantale et tungstène. Ces minéraux ne sont normalement pas autorisés à l’exportation, leur certification est suspendue, mais la production continue.
Selon les experts, des quantités importantes étaient déjà acheminées vers le Rwanda par la route ou via le lac Kivu, alimentant la forte augmentation des exportations rwandaises.
Le 26 avril, sur RFI, le chercheur Thierry Vircoulon avait jugé ces augmentations trop spectaculaires pour être uniquement dues à la production rwandaise, et il les avait liées à plusieurs mois de contrôle de ce bassin minier de Rubaya par le M23 en 2022 et 2023.
Par Barsene Saint Paul / Afrique Première