La Cour internationale de Justice examine aujourd’hui une plainte du Soudan contre les Émirats arabes unis pour « complicité de génocide » au Darfour. Khartoum demande à la Cour de reconnaître le rôle des Émirats arabes unis et de les contraindre à verser des réparations. Les Émirats arabes unis, qui ont toujours nié soutenir les Forces de soutien rapide (FSR), qualifient cette action de « coup de publicité cynique » et demandent à la CIJ de rejeter la requête.

Dans une requête déposée le 4 mars, Khartoum accuse les Émirats arabes unis d’avoir fourni un « soutien financier, politique et militaire important » aux paramilitaires des FSR. Ce soutien comprend un « soutien financier », des « livraisons d’armes », du « matériel militaire » et même la « formation de mercenaires ».
Les Émirats arabes unis sont accusés d’être « complices du génocide » contre le groupe ethnique Massalit au Darfour occidental. Selon l’ONU, entre 10 000 et 15 000 personnes, principalement issues de la communauté Massalit, ont été tuées par les paramilitaires du général Hemetti à El-Geneina en 2023. Khartoum affirme que les crimes commis par les FSR au Darfour n’auraient pas été possibles sans le « soutien direct » des Émirats arabes unis.
En 2024, des experts de l’ONU ont jugé crédibles les accusations selon lesquelles les Émirats arabes unis envoyaient des armes aux paramilitaires soudanais via l’aéroport tchadien d’Amdjarass. En janvier de cette année, des parlementaires américains ont déclaré que ces livraisons se poursuivaient, malgré la pression des États-Unis menaçant de bloquer les ventes d’armes aux Émirats arabes unis.
Selon Khartoum, les Émirats arabes unis ont violé la Convention de 1948 pour la prévention et la répression du crime de génocide.
Lors des audiences de La Haye jeudi, l’un des sujets abordés est la compétence de la Cour internationale de Justice (CIJ) dans cette affaire, comme l’a souligné Florence Morice du bureau Afrique. Les Émirats arabes unis sont signataires de la Convention de 1948 pour la prévention du génocide, mais ils ne reconnaissent pas l’autorité de la CIJ pour les juger en vertu de ce traité. Khartoum soutient que les réserves formulées par les Émiratis n’ont aucune valeur juridique, car permettre à un État de se soustraire à ses responsabilités en matière de prévention du génocide porterait atteinte au traité.
Il est important de noter que les décisions de la CIJ sont juridiquement contraignantes, mais que la Cour n’a pas le pouvoir de les faire appliquer. Par exemple, la CIJ a ordonné à la Russie de cesser ses opérations militaires en Ukraine quelques semaines seulement après l’invasion, mais cette ordonnance est restée sans effet.
Par Vanessa Ndome / Afrique Première TV