Les nouveaux dirigeants du Sénégal pourraient contribuer à résoudre les problèmes entre l’Alliance des Etats du Sahel et la CEDEAO, selon une étude de l’Institut d’études de sécurité. Ils estiment que l’initiative du président sénégalais pourrait faire la différence, à condition que chacun soit prêt à faire des compromis.
Tout juste élu, le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye s’est rendu dans une dizaine de pays d’Afrique de l’Ouest. Il a terminé sa tournée il y a deux semaines au Mali et au Burkina Faso, où il a clairement indiqué qu’il souhaitait réintégrer ces deux pays, ainsi que le Niger, les trois membres de l’Alliance des États du Sahel dans la communauté ouest-africaine, qu’ils ont annoncé leur départ en janvier 2024.
Parce qu’il est nouvellement élu, que ses relations avec les pays de l’AES n’ont pas été affectées par les événements des quatre dernières années et qu’il se considère également comme un défenseur de la « souveraineté » des États africains, Bassirou Diomaye Faye est vu favorablement par l’AES.
Selon Maurice Paulin Toupane, chercheur à l’Institut de recherche et de sécurité de Dakar et co-auteur de l’étude, le président sénégalais pourrait les convaincre de revenir dans la CEDEAO. Cela nécessiterait des propositions concrètes, notamment concernant la durée des transitions en cours.
« Il serait nécessaire que la CEDEAO accepte une prolongation raisonnable de ces transitions et un compromis qui pourrait faciliter la réconciliation entre les deux parties. Cela impliquerait de fixer un calendrier clair avec le soutien de la CEDEAO pour avancer vers des élections qui mettraient fin à ces transitions. »
Pourquoi un tel retour serait-il possible ? Le Mali, le Niger et le Burkina Faso ont déclaré à plusieurs reprises que leur décision était « irréversible ». La plupart des observateurs sont sceptiques quant à leur éventuel retour au sein de la CEDEAO : pourquoi les dirigeants de l’AES, qui semblent déterminés à rester au pouvoir, choisiraient-ils de revenir au sein de la CEDEAO et d’accepter ses règles ?
Maurice Paulin Toupane a deux idées importantes. Il pense qu’il est important de se réconcilier pour éviter les mouvements sociaux qui pourraient contester le pouvoir en place. Il croit aussi que les autorités qui critiquent la CEDEAO devraient aider à la réformer.
Avant le prochain sommet de la CEDEAO, les chefs d’État de l’AES vont se réunir pour finaliser leur projet de confédération. On ne sait pas encore quand cette réunion aura lieu.
Par : Haby Coulibaly / Afrique Première