La Cour d’appel de Bruxelles a rendu lundi 2 décembre un arrêt historique : l’État belge a été reconnu coupable de mauvais traitements infligés à des enfants métis lors de la colonisation. Cinq femmes métisses avaient porté plainte contre les pratiques coloniales qu’elles subissaient. Nées d’une mère africaine et d’un père européen, elles ont toutes été retirées de leur famille maternelle avant l’âge de sept ans et placés dans des institutions religieuses.
Ces cinq femmes sont Léa, Monique, Noëlle, Simone et Marie-José. Elles ont alors décidé de poursuivre la Belgique en justice. Et ce lundi, la cour d’appel de Bruxelles leur a donné raison. La politique systématique des autorités coloniales qui séparait entre 14 et 20 000 enfants de leurs mères et de leurs villages a été considérée comme « un acte de persécution inhumaine constituant un crime contre l’humanité au regard du droit international ».
Dans un premier temps, le tribunal de première instance avait statué que l’affaire était prescrite. Cependant, les juges de la Cour d’appel de Bruxelles n’ont pas partagé ce point de vue, estimant que les mauvais traitements infligés aux personnes métisses ne pouvaient être prescrits et étaient uniquement motivés par leurs origines. C’est la politique raciale de l’État colonial qui a conduit à un crime contre l’humanité. La Cour d’appel a même fait référence aux procès de Nuremberg qui ont jugé le régime nazi, et les avocats des cinq métisses ont établi des parallèles avec le procès de l’organisation RuSHA, qui a établi l’enlèvement d’enfants comme crime contre l’humanité.
Pour ces cinq femmes, cette victoire judiciaire est double. L’État est également condamné à verser à chacun d’entre elles des dizaines de milliers d’euros à titre d’indemnisation, comme elles y ont droit.
Par : Barsene Saint Paul / Afrique Première Tv