Le président de l’Ordre des avocats du Cameroun s’élève contre l’arrêté préfectoral qui a suscité de nombreuses polémiques la semaine dernière. Cet arrêté a été pris par le préfet du Mfoundi, département où se situe la capitale du Cameroun, Yaoundé.
Le 16 juillet, le préfet Emmanuel Mariel Djikdent a signé un arrêté précisant que quiconque appelle à la révolte contre les institutions, insulte dangereusement les institutions ou ceux qui les représentent et se livre à des actions susceptibles de provoquer des troubles à l’ordre public, pourra se voir interdire le séjour dans le département du Mfoundi.
L’avocat Maître Mbah Eric Mbah a écrit une lettre au préfet pour lui demander de retirer son arrêté car, selon l’avocat, le préfet assume des pouvoirs qu’il n’a pas en fixant des règles et des sanctions. Selon un entretien sur RFI.
« Il n’a ni le pouvoir, ni le droit, ni le statut. Ce sont les prérogatives du Parlement.
Un préfet ne peut pas assister à une conférence de presse et dire qu’il va expulser des personnes pour avoir fait ceci ou cela.
Les tribunaux sont là. Si quelqu’un parle du chef de l’État de manière séditieuse ou diffamatoire, il suffit de le porter devant la justice. C’est à cela que servent les tribunaux.
Car sinon, dans cette logique, un sous-préfet de sa circonscription pourrait se lever et dire : quiconque critique le gouverneur, je vous expulserai ! Et que va-t-il se passer avec le chef de l’Etat ? Le chef de l’Etat dira : quiconque dit quelque chose contre moi… je vais l’expulser du pays ?
Nous sommes dans un état de droit, on ne peut pas empêcher les gens de parler.
Les gens ont le droit de s’exprimer. Et ceux qui s’expriment d’une manière contraire à la loi, la loi telle qu’énoncée les sanctionnera.
Cet arrêté préfectoral est un symbole de pratiques antidémocratiques et dictatoriales.
Si elle n’est pas retirée, l’Ordre des Avocats se réserve le droit de saisir le tribunal administratif pour la contester. »
Par Vanessa Ndomè / Afrique Première Tv