La dirigeante italienne revendique la victoire de sa politique migratoire, obtenue après de longues négociations avec la Tunisie. Par ailleurs, la Garde nationale tunisienne fait état d’une augmentation de 22,5% des interceptions au cours des premiers mois de l’année. Les médias locaux craignent cependant que Tunis ne devienne un pion de Giorgia Meloni.
Le gouvernement italien a réussi à réduire les arrivées de migrants irréguliers de 60% cette année par rapport à la même période de l’année dernière », a affirmé Giorgia Meloni, comme l’a rapporté l’agence de presse Ansa le 4 juin. Le Premier ministre italien n’a pas fourni de chiffres détaillés, mais elle a mentionné que ce résultat a été obtenu grâce à la collaboration avec les pays d’Afrique du Nord, notamment la Tunisie et la Libye. La Tunisie, située à la pointe de l’Afrique surplombant la Méditerranée, est un passage clé pour les migrants irréguliers qui tentent de traverser les frontières maritimes pour atteindre les côtes italiennes porte d’accès à l’Europe. L’Italie a participé à la signature d’un accord entre l’Union européenne et la Tunisie pour lutter contre l’immigration. Giorgia Meloni s’est rendue dans le pays à trois reprises en quelques semaines pour convaincre le président tunisien Kaïs Saïed de rencontrer la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. L’accord a été signé le 18 juillet 2023, l’UE apportant une aide financière de 255 millions d’euros à la Tunisie pour accroître les efforts de réduction des passages.
« Giorgia Meloni a déclaré en mars que le nombre de personnes arrivant sur les côtes italiennes en provenance de Tunisie avait considérablement diminué au premier trimestre de cette année, ce qui montre que l’approche actuelle fonctionne. La Garde nationale tunisienne a rapporté le 29 mai qu’elle avait soit intercepté ou secouru 21 545 personnes au cours des quatre premiers mois de l’année, soit une augmentation de 22,5% par rapport à l’année dernière. Cependant, il existe un certain mécontentement en Tunisie, car les médias locaux craignent que la Tunisie ne devienne un pion de Giorgia Meloni, surnommée « l’habituée de Carthage » en raison de ses fréquentes visites au palais présidentiel tunisien Lors de sa dernière visite le 17 avril, qui n’a duré que deux heures, la présidente Saïed a réitéré la position ferme de la Tunisie contre le fait d’être une destination ou un point de transit pour les migrants irréguliers, selon un communiqué de la présidence publié le même jour. »
Dans la même situation, le président tunisien a appelé à une approche unie pour lutter contre la crise migratoire et contrecarrer les réseaux de traite des êtres humains au sud et au nord de la Méditerranée. « La Tunisie, qui valorise les droits de l’homme, fait de gros efforts pour prendre en charge les migrants irréguliers, victimes d’un système économique mondialisé, mais ne peut accepter des situations illégales sur son territoire », a ajouté le président Saïed. La crise migratoire frappe particulièrement durement la région de Sfax, ville côtière au centre des départs clandestins, où les migrants s’entassent dans des camps de fortune insalubres en attendant un hypothétique départ. Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), plus de 27 000 migrants sont morts en Méditerranée au cours des dix dernières années, dont plus de 3 000 en 2023.
Par : Arsène de Bangweni