Massacre de Thioroye, la France reconnait six soldats officiellement morts pour la France.

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Lorsque M’Bap Senghor décède au camp de Thiaroye, son fils Biram n’a que 6 ans. Aujourd’hui âgé de 86 ans, il se souvient encore de ce que la France a fait à son père. « En novembre 1944, il ne restait plus qu’à payer leur maigre solde », se souvient-il. « Ils l’ont demandé à l’autorité coloniale et le gouverneur général a ordonné qu’ils soient fusillés. C’est ainsi qu’il a été assassiné par la France parce que les autorités françaises ont ordonné de les tuer. »

Pour Biram Senghor, la mention « mort pour la France » est une victoire. Mais il souligne aussi que c’est le résultat de décennies de lutte contre les autorités. « Vous savez, la France n’a jamais été tendre avec moi », dit-il. « Depuis cette date en 1944, je suis ce dossier. D’abord, l’administration coloniale m’a appelé en 1948 avec ma mère. Puis, en 1953. Et depuis, ils ont voulu classer le dossier, mais j’ai dit non. »

Depuis Diaraho, dans la région de Fatick, il attend désormais que la France indemnise sa famille pour le préjudice subi. Mais au-delà de son propre cas, Biram Senghor espère aussi des progrès dans la publication des archives de cette époque. « La France, dans ses documents, sait combien d’individus elle a tués ici à Thiaroye en 1944 », dit-il. « Les Français ne peuvent pas prétendre à l’ignorance. Je pense que ce n’est pas juste. »

Les réactions politiques sénégalaises à la déclaration des soldats exécutés à Thiaroye « morts pour la France » ont été minimes. Ousmane Sonko, président des Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef), a appelé le « gouvernement français à reconsidérer ses méthodes car les temps ont changé ».

Mais hormis la réaction de l’actuel Premier ministre, il n’y a pas eu beaucoup de réponses de la part de la classe politique sénégalaise. Même le parti Pastef refuse de revenir sur les déclarations de son leader.

Dialo Diop, le vice-président du parti chargé des questions panafricaines et mémorielles, avait souligné la nécessité d’une information judiciaire dans cette affaire qui ne sera jamais close. Il a suggéré une procédure initiée entre États, ce qui n’avait jamais été fait auparavant. Dialo Diop a également estimé que les autorités nouvellement élues devraient être en mesure de répondre aux demandes d’ouverture des charniers.

Les tirailleurs sénégalais du camp Thioroye au Sénégal

La plupart des partis politiques contactés par les médias préfèrent pour l’instant éviter le sujet. Leurs dirigeants veulent d’abord s’entendre sur une position interne commune concernant ce dossier particulièrement sensible au Sénégal et à l’international.

Seule l’Alliance des forces du progrès (AFP) souhaite commenter : le parti, membre de la précédente majorité présidentielle Benno Bokk Yakaar, s’inscrit dans la lignée d’Ousmane Sonko. Selon Mbacké Dia, l’un de ses responsables, la décision de la France est hypocrite et il estime que seule une commission franco-sénégalaise, à l’image de celle entre la France et l’Algérie, peut apporter des réponses à toutes les questions restées en suspens.

Par : Line Ndiaye / Afrique Première Tv

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