Un grand projet de construction d’un pipeline au Niger, soutenu par la Chine, est confronté à de sérieux défis. Ce projet vise à faire du Niger un exportateur de pétrole, mais il rencontre des difficultés en raison de problèmes de sécurité et d’un désaccord avec le Bénin voisin.
L’oléoduc, long de 1 930 kilomètres, relie le champ pétrolier d’Agadem, développé par des investisseurs chinois, au port de Cotonou au Bénin. L’objectif était de multiplier par cinq la production pétrolière du Niger, grâce à un accord de 400 millions de dollars signé avec la compagnie pétrolière nationale chinoise.
Mais il y a de gros obstacles sur le chemin. Un désaccord diplomatique avec le Bénin a conduit à la fermeture du pipeline la semaine dernière. Et un groupe rebelle local, le Front patriotique de libération, a revendiqué cette semaine la responsabilité d’avoir endommagé une section du pipeline. Ils menacent de multiplier les attaques à moins que l’accord de 400 millions de dollars avec la Chine ne soit annulé et la libération de l’ancien président Mohamed Bazoum, en résidence surveillée depuis onze mois.
Pour résoudre ces problèmes, le Niger envisage plutôt d’acheminer son pétrole via le Tchad et le Cameroun. Cela avait déjà été envisagé auparavant, en plus de l’acheminement via le Nigeria, mais le Niger a décidé d’opter pour le pipeline du Bénin.
Selon Seidik Abba, chercheur et président du Centre international d’études et de réflexion sur le Sahel (CIRES), emprunter la route du Tchad est compliqué et incertain lorsqu’il s’agit d’investissements chinois.
« Passer par le Tchad n’est pas une solution facile car cela nécessite de construire un nouveau pipeline et de trouver des investisseurs. Les Chinois, qui sont déjà impliqués dans le pipeline vers le Bénin, seront-ils prêts à investir à nouveau dans celui vers le Tchad ? Je doute de tout cela. Les questions ont été résolues. C’est une option viable, mais sa mise en œuvre ne sera pas facile », a-t-il expliqué.
L’impact potentiel de la fermeture du pipeline sur la croissance économique globale du Niger constitue une préoccupation majeure. La Banque mondiale prévoyait que l’économie nigérienne, avec un taux de croissance de 6,9 % cette année, serait la plus dynamique d’Afrique, les exportations de pétrole étant un moteur clé.
Les tensions diplomatiques avec le Bénin remontent à juillet dernier, lorsque le président nigérien Mohamed Bazoum a été renversé par un coup d’État, ce qui a conduit les pays voisins d’Afrique de l’Ouest à fermer leurs frontières avec le Niger et un groupe de libération local à menacer de nouvelles attaques contre le projet pétrolier.
Les deux pays sont confrontés à des pertes économiques importantes, le Bénin perdant également des millions de dollars en frais de transit.
Par : Daniella Aka / Afrique Première Tv