Dans le traitement médiatique des conflits, la différence est frappante entre la manière dont les crises en Afrique et celles en Occident sont rapportées. Prenons l’exemple des États-Unis ou de l’Europe : lorsqu’un individu commet un acte violent, les médias occidentaux s’intéressent au profil du coupable, tentant de comprendre ses motivations. Des titres captivants et presque empathiques interrogent souvent sur « ce qui l’a poussé à agir », comme dans l’explosion de Las Vegas où l’accent a été mis sur le suicide du suspect.

En revanche, lorsque des violences éclatent en Afrique, notamment au Sahel ou au Kivu, les médias internationaux se focalisent sur les victimes, souvent avec des images horrifiques et des récits déshumanisants. On parle de « chaos », de « terreur », et les titres peignent une Afrique réduite à des scènes de désespoir et de barbarie. Pourtant, une analyse des statistiques montre une réalité bien différente.
Une perception faussée : plus de violences armées en Occident qu’en Afrique
Selon des rapports de sécurité récents, le nombre de victimes de violences armées par million d’habitants est souvent plus élevé aux États-Unis qu’en Afrique. Les massacres de masse sont devenus récurrents dans des pays comme le Brésil et certaines nations européennes. Un rapport du Small Arms Survey (2021) indique que les États-Unis enregistrent plus de 12 décès par arme à feu pour 100 000 habitants, un taux largement supérieur à celui de nombreux pays africains, y compris ceux considérés comme instables.
Ces chiffres montrent que l’Afrique, bien qu’en proie à des conflits, n’est pas l’épicentre mondial des violences armées comme les récits médiatiques voudraient le faire croire.
Des États jeunes et une indépendance récente
Un autre point souvent ignoré est que de nombreux pays africains sont encore en phase de consolidation post-coloniale. Les États du Sahel regroupés dans l’Alliance des États du Sahel (AES) illustrent cette réalité. Ces nations, bien qu’instables, ne sont indépendantes que depuis quelques décennies. Comparons cela aux États-Unis ou à la France, où l’indépendance et la stabilisation des frontières ont pris des siècles et se sont souvent accompagnées de guerres sanglantes.
Même en Europe, l’unification de l’Allemagne et l’éclatement de la Yougoslavie montrent que les frontières évoluent. Nicolas Machiavel disait :
« Celui qui veut établir une république doit partir du chaos pour forger la stabilité. »
Les conflits, bien que tragiques, permettent parfois de redéfinir des États et d’assurer une consolidation plus forte à long terme.
L’Afrique ne se définit pas par ses conflits
Il est faux de réduire l’Afrique à ses zones de guerre. Le Cameroun, stable depuis son indépendance, n’a jamais connu de conflit majeur. De même, des pays comme le Botswana, le Ghana et la Namibie jouissent de paix et de stabilité, tout comme la Suisse ou le Portugal en Europe. De la même manière que l’Europe ne se résume pas au couple franco-allemand ou l’Amérique aux États-Unis, l’Afrique est un continent vaste avec des nations diversifiées, dynamiques et en pleine croissance économique.
Un besoin d’équilibre et de respect dans la narration
Si les médias étrangers se nourrissent des problèmes africains, qu’ils sachent que l’Afrique a beaucoup à leur apprendre. Des modèles de résilience communautaire, des mécanismes de justice coutumière et des systèmes d’entraide pourraient enrichir un monde à la recherche de durabilité et de solidarité.
« Celui qui méprise les leçons d’autrui ne peut jamais espérer enseigner aux autres. » – Sagesse panafricaine.
L’Afrique est plus qu’un champ de bataille médiatique : elle est une force en marche, pleine de leçons, d’innovations et d’espoirs pour le monde entier.
Freedy Gapoun