Le calvaire des médecins camerounais sans emploi.

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Depuis 2020, le nombre de médecins au chômage au Cameroun a grimpé en flèche en raison d’une politique gouvernementale qui limite sévèrement les nouvelles embauches dans le secteur public. En conséquence, de nombreux jeunes médecins se tournent vers d’autres moyens de gagner leur vie.

Certains de ces médecins se tournent vers l’exercice illégal de la médecine ou quittent le pays à la recherche de meilleures opportunités.

Dr Clément Difo nous a donné rendez-vous dans sa ferme. Au lieu de voir des patients, il nourrit ses poulets. Il explique qu’il a perdu beaucoup récemment.

Il est l’un des nombreux médecins au chômage au Cameroun. Comme ses collègues, il a dû trouver d’autres moyens de gagner sa vie. En plus d’élever des poulets, il fabrique des briques et une boutique dans un marché animé de Douala.

Pour lui et ses amis médecins, c’est une question de survie. Ils doivent s’adapter pour réussir. Les médecins diplômés des universités publiques du Cameroun n’ont plus la garantie d’un emploi dans le système de santé publique depuis 2020.

Le Dr Difo se sent mal à l’aise en faisant autre chose que de la médecine, mais il doit le faire pour gagner sa vie.

Il nous dit que c’est une question de survie pour lui et ses collègues. Autrefois, les médecins diplômés étaient assurés d’avoir un emploi dans le système de santé publique, mais cette politique gouvernementale a pris fin en 2020. Maintenant, il y a environ un médecin pour 7 000 habitants au Cameroun, mais la plupart sont dans les villes, laissant des zones rurales sans soins.

Exercer dans la clandestinité, malgré ses compétences, solution !

Certains médecins refusent d’abandonner leurs compétences et les utilisent en secret. Marcel, un médecin anonyme, visite des patients chez eux tard le soir. Il examine une patiente allongée sur des chaises et lui donne une ordonnance en échange de 5 000 FCFA.

C’est difficile pour ces médecins de gagner leur vie de cette façon, mais ils gardent espoir.

Il a déclaré qu’à son retour chez lui, il aura dépensé près de 3 000 sur les 5 000 FCFA en transports. La veille de cette visite à domicile, nous l’avons rencontré devant la Faculté de Médecine où il a étudié pendant 7 ans.

Pour lui, c’était comme retourner sur une scène de crime. C’est là que son espoir a été tué, sacrifié. Le rêve que nous avions fait en entrant dans cette école nous a été volé par le gouvernement, et maintenant ce n’est plus que du désespoir, juste des larmes, dit-il.

Le Syndicat des médecins camerounais estime qu’au moins 2 000 médecins généralistes ont obtenu leur diplôme au cours des trois dernières années et que la majorité d’entre eux sont au chômage.

Cette année, comme les deux précédentes, seuls 50 d’entre eux seront embauchés par le gouvernement sur concours.

Certains jeunes médecins camerounais choisissent de quitter le pays au lieu de travailler dans d’autres secteurs ou de faire des visites secrètes à domicile.

Falone Niakam Mbouleup faisait partie du premier groupe touché par la nouvelle politique gouvernementale. Elle a quitté le Cameroun parce que les salaires dans les cliniques privées étaient bas et que le coût de la formation continue était élevé. Elle s’installe au Sénégal et se spécialise en neurologie.

Elle espère revenir un jour au Cameroun, mais seulement si les conditions sont bonnes. Elle estime qu’il y a encore beaucoup de travail à faire dans son domaine au Cameroun.

Même si elle adore travailler au Cameroun, elle ne veut pas y retourner si les conditions de travail ne sont pas bonnes et si les médecins ne sont pas bien payés. Elle a des doutes quant à son retour dans son pays en raison des conditions qui l’ont poussée à partir.

L’entretien avec le Dr Malachie Manaouda, ministre de la Santé publique du Cameroun, a permis de faire la lumière sur la situation actuelle. Cependant, il semble d’après ses réponses que le gouvernement du Cameroun n’a pas encore de solution à ce problème.

Nous parlons peut-être de ne pas intégrer les diplômés des facultés de médecine, mais nous ne voulons certainement pas parler de l’intégration automatique qui s’est produite au cours des cinq dernières années. C’est juste que nous avons atteint la fin de ces cinq années.

Les raisons sont simples. Vous savez très bien qu’il existe une politique de planification des ressources humaines d’un pays basé sur les finances de l’État. Nous sommes tout simplement arrivés au terme de ces cinq années. Et aujourd’hui, sur la base des finances de l’État, sur la base de la planification, c’est-à-dire du plan de main d’œuvre de l’État, les examens sont organisés, mais ce n’est plus automatique comme avant.

Mais chaque année, quand l’Etat annonce, ce n’est pas beaucoup, mais il y a des postes ouverts dans la fonction publique pour probablement embaucher les meilleurs candidats grâce aux examens.

Or, la fonction publique est-elle la seule option ? Je ne pense pas. Il n’y a pas que des hôpitaux publics. En fait, nous avons beaucoup plus d’hôpitaux privés. Mais ils devraient aussi embaucher ces médecins.

Bien sûr, nous avons un écart. Actuellement, nous comptons 3 184 médecins généralistes exerçant sur le terrain. Nous comptons près de 1250 spécialistes travaillant dans le domaine.

Maintenant, le gap, il est également de 3000 généralistes et de 3000 spécialistes que nous sommes en train en réalité de susciter pour pouvoir les avoir à notre disposition, en faisant un certain nombre d’équilibre entre les régions, entre les formations sanitaires, de manière à ce qu’aucune population ne puisse manquer de soins appropriés.

Le système, le dispositif sanitaire camerounais aujourd’hui, bien que souffrant de ce manque de personnel, réussit à donner le meilleur, réussit à dispenser des soins de qualité à nos populations.

Il y a deux manières de considérer le départ du Cameroun : ça peut être un départ pour aller mieux acquérir d’expériences et revenir pour mieux servir son pays. Cela est un bon départ à notre sens.

Il y a le départ pour partir et dire ‘bon, je n’en veux plus’ et jouer un mauvais rôle, ça c’est un mauvais départ. Et donc, il ne faut pas classer tous ceux qui sont partis dans ce panier de départs en dépit parce qu’ils sont déçus par le système. Non.

Et d’ailleurs, nous sommes aujourd’hui en train de créer des conditions de collaboration avec cette diaspora médicale camerounaise parce qu’il y en a beaucoup qui veulent revenir. Il y en a beaucoup qui veulent servir le Cameroun même étant de l’extérieur.

Et donc, nous sommes en train de mettre en place une passerelle ; ce qui devrait leur permettre chacun à son niveau, chacun suivant sa disponibilité pouvoir permettre à contribuer à faire évoluer le système et le dispositif sanitaire camerounais.  

Pour le moment, je ne saurais vous le dire. Cela ne relève pas de mes compétences. Il y a tout au moins des discussions qui sont en cours.

Vanessa Ndomè / Afrique Première

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