La 31e édition du plus grand festival du cinéma africain aux États-Unis vient de s’achever après plus de trois semaines de projections de films, de discussions et d’échanges à Manhattan, Brooklyn et Harlem. Ce fut un grand succès auprès de tous les cinéphiles de la ville, et cela a également permis de faire connaître les cinémas africains à un public plus large du côté de l’Atlantique.
Il fait chaud le 1er samedi du mois de juin à New York, mais tout le monde est tout sourire à l’African Center, où les deux dernières projections et un DJ set sont au programme pour clôturer le 31e New York African Film Festival (NYAFF), dédié au cinéma du continent.
Les participants portent des tenues traditionnelles de toute l’Afrique, avec plusieurs générations de la diaspora et même certains nouveaux arrivants qui n’ont jamais mis les pieds sur le continent. L’ambiance est conviviale et les discussions et échanges autour des films sont nombreux. « Je me sens tellement épanoui lorsque je vois des réalisateurs, des acteurs ou des actrices parler et s’asseoir avec le public, jeune ou vieux, car l’échange, la discussion sont quelques-uns des éléments les plus importants de ce festival », déclare Mahen Bonetti, le fondateur et directeur de NYAFF. « Il faut un débat constant et mettre l’Afrique au premier plan à travers le cinéma, mais il faut aussi que les gens se mélangent, apprennent les uns des autres, et c’est une des raisons pour lesquelles j’ai lancé ce festival il y a plus de trente ans. »
En 1993, un groupe d’amis démarre l’aventure NYAFF en se concentrant sur les films de la légende sénégalaise Ousmane Sambène. Le directeur du festival s’en souvient comme si c’était hier. Ils ont pu amener Sambène aux États-Unis, présenter des cinéastes africains au public américain, et les gens ont tout de suite adoré. Ils savaient que le cinéma africain était fascinant, alors ils ont continué.
Depuis plus de trente ans, ils ont présenté des cinéastes comme Djibril Diop Mambéty, Abderahammane Sissako, Fanta Régina Nacro ou encore Jean-Pierre Bekolo. L’édition 2024 a mis à l’honneur la légende camerounaise Jean-Pierre Dikingé Pipa, qui a discuté du cinéma de son pays avec son collègue cinéaste Jean-Marie Téno.
« Il est crucial pour le cinéma africain d’avoir des festivals comme le NYAFF », estime le réalisateur. « L’industrie cinématographique est compétitive, mais il existe un public pour les films africains. Avoir une plateforme à New York est un excellent moyen de présenter les productions africaines au public américain. »
Mahen Bonetti est très enthousiasmé par la croissance du festival au fil des ans. Cela devient un gros problème dans le monde du cinéma à New York, même avec de grands festivals comme Tribeca et le New York Film Festival. Ces festivals attirent plus de 10 000 personnes chaque année, mais celui de Mahen brille toujours de mille feux. De plus en plus de monde afflue (environ 400 pour la soirée d’ouverture !), et les salles se remplissent (80 % pleines en moyenne !). Le festival ne cesse de s’agrandir et de s’améliorer chaque année, ce qui est un bon signe.
Au début, ils n’avaient que 7 à 8 films et ne savaient même pas s’ils auraient un endroit pour les projeter. Ils étaient juste en train de s’envoler ! Mais aujourd’hui, 30 ans plus tard, ils projettent plus de 90 films provenant de 30 pays différents pendant trois semaines. Le festival est devenu une grande affaire aujourd’hui, mais ils doivent encore se battre pour le rendre encore meilleur.
Un autre objectif important est d’intéresser les jeunes et de maintenir le débat sur les films africains et de la diaspora du côté de l’Atlantique. Les gens sont de plus en plus curieux de ces films et le festival contribue à les faire connaître à un public plus large. Ils présentent des classiques et des nouvelles tendances, comme des films d’animation et des courts métrages. Mahen Bonetti souhaite offrir une plateforme aux jeunes talents d’Afrique et de la diaspora, afin qu’ils puissent partager leurs voix et leurs histoires avec le monde.
Par : Arsène de Bangweni