A Malanville, les gens se sentent vraiment tristes à cause des mauvaises relations entre le Bénin et le Niger. A la frontière entre les deux pays, les gens sont mécontents car le passage entre les deux frontières est fermé. En effet, les deux pays sont en difficulté depuis le coup d’État de Niamey du 26 juillet 2023. C’est particulièrement vrai à Malanville, au nord-est du Bénin, où les habitants demandent de l’aide aux autorités.
Le procès de trois Nigériens arrêtés au Bénin doit s’ouvrir le 17 juin 2024. Les relations entre Cotonou et Niamey restent tendues. Le principal problème entre les deux voisins est la frontière que le Bénin a rouverte mais le côté du Niger, est resté fermé.
Des conteneurs sont encore visibles sur le pont qui relie les deux pays, au-dessus du fleuve Niger. Le mois dernier, le Bénin a également interdit le trafic fluvial.
À Malanville, ville béninoise frontalière du Niger, il existe des liens socio-économiques forts avec la ville nigérienne de Gaya, et plus largement avec le sud du Niger. De nombreux habitants de Malanville déclarent aussi avoir de la famille de l’autre côté de la frontière : un parent, un frère ou une sœur, voire un conjoint.
Avant la fermeture, il fallait 30 minutes pour aller de Malanville à Gaya. Le trajet est devenu plus compliqué, d’autant que la traversée du fleuve est désormais interdite.
Amina Hamidou vit à Malanville, sa mère et ses sœurs à Niamey. « Ici, on ne peut pas passer la frontière », déplore-t-elle. « Il faut passer par Segbana [à une centaine de kilomètres au sud-est de Malanville]. Et ça aussi, c’est un long voyage. Et si tu n’as pas d’argent, tu ne peux pas voyager. Si tu traversais le fleuve, tu paierais 500 ou 1 000 francs. Ensuite tu paierais 5 500 francs à la gare routière pour aller à Niamey. »
Maintenant, si tu n’as pas 25 000, 30 000 ou bien 50 000 francs CFA [de 38 à 76 euros, NDLR] dans ta poche tu ne peux pas aller au Niger ».
Autre conséquence, les Nigériens ne viennent plus. C’est un manque à gagner pour les commerçants. « Ça ne nous arrange pas, lance l’une d’entre elles. Moi, je vends des condiments. Ce sont les Nigériennes qui viennent acheter ici. Avant qu’il y ait la fermeture de la voie, ici, les gens se bousculaient dans le marché. Mais, maintenant, là, 20 personnes peuvent passer. De 9h à 11h, je peux ne gagner que 200 francs [30 centimes d’euros ».
Comme beaucoup à Malanville, les deux femmes appellent à la paix entre des pays frères. « On ne veut pas la bagarre, glisse Amina Hamidou. On veut dire à nos gouvernants qui sont au sommet de se rencontrer pour voir comment ils peuvent gérer la situation parce que c’est pitoyable la manière dont nous vivons, ici. Nous prions notre président Patrice Talon qu’ils nous regardent et aient pitié de nous, les pauvres, parce que ce sont les pauvres qui souffrent, ici ».
Par : Daniella Aka / Afrique Première