Elle a vécu la majeure partie de sa vie aux États-Unis, Libianca est indéniablement fière de son héritage camerounais.
La star d’Afrosoul fait irruption sur scène en chantant avec un accent camerounais en 2022, elle troque son rythme quotidien américain contre le lancement de sa carrière et un succès mondial avec People.
Sur Facebook, la biographie de Libianca proclame fièrement « SON LIBIANCA DE BAMENDA » ville de la région du Nord-ouest en proie aux troubles actuellement. Ces mots sont un clin d’œil à la ville natale de sa famille et où elle a passé environ six années de son enfance.
De nombreux fans de Libianca au Cameroun adorent voir leur pays mis en valeur sur la scène mondiale : ils ont rempli les commentaires du chanteur sur les réseaux sociaux avec le drapeau national et l’abréviation « CM ».
Il y a des Camerounais, pays d’Afrique centrale qui ne sont pas d’accord le pouvoir actuel. Le mois dernier, Libianca a dit qu’elle ne ferait pas sa tournée en Amérique du Nord parce qu’elle avait reçu des menaces de mort pour avoir utilisé un drapeau du Cameroun.
Plus de 50 menaces ont été envoyées par des rebelles qui veulent que les deux régions anglophones du Cameroun deviennent un pays indépendant. Ces menaces ont été envoyées sur les réseaux sociaux et par email. La chanteuse, Libianca Kenzonkinboum Fonji, a dit à la BBC que certaines menaces étaient très méchantes et d’autres lui disaient de ne jamais revenir au Cameroun.
Les rebelles pensent que la chanteuse soutient le président du Cameroun Paul Biya en utilisant le drapeau du pays. Il y a une guerre depuis plus de six ans entre les rebelles et le gouvernement. Plus de 6 000 personnes sont mortes à cause de ce conflit. Les rebelles se sentent ignorés depuis longtemps et ne veulent pas abandonner leur culture, leur langue, leur histoire et leur système juridique.
La chanteuse a dit à ses 500 000 followers sur Instagram qu’elle ne veut pas prendre parti dans cette guerre. Elle se voie sous pression pour choisir un camp, mais elle ne veut pas.
« Il y a toujours un côté à prendre et je ne suis tout simplement dans aucun des deux », explique-t-elle à la BBC.
« Parce que les deux incluent la violence et je ne suis pas pour la violence, je suis pour l’amour ».
Il n’est pas surprenant que les séparatistes et les partisans du gouvernement recherchent le soutien de Libianca, elle est l’une des rares Camerounaises à avoir un rayonnement au-delà de la nation et de sa diaspora.
En 2021, avant le succès de People, Libianca est apparue sur The Voice US. Elle a épaté les juges avec une interprétation émouvante de Good Days de SZA et s’est rendue aux concerts avant d’être éliminée.
Ensuite, People un regard franc sur l’expérience de Libianca avec la cyclothymie est devenu viral sur TikTok. Après sa sortie officielle en single, People est devenu le cinquième titre Afrobeats le plus écouté sur Spotify en 2023 et Libianca est entré dans l’histoire en devenant le premier Camerounais à entrer dans le Top 10 britannique.
Depuis, elle s’est produite à Coachella, a remporté le prix BET Best International New Act et son premier EP, Walk Away, mettait en vedette des stars internationales comme Chloe Bailey et Oxlade.
Libianca choisit de ne pas utiliser sa plateforme pour « prendre parti », mais cette décision ne doit pas être confondue avec de l’indifférence. Dans sa dernière chanson, God’s People, elle chante : « Alors nous volons les pauvres et nous volons le sang du peuple. »
Le « nous » auquel elle fait référence inclut les deux côtés : le gouvernement et les combattants séparatistes, explique Libianca. Elle ajoute que les bénéfices de la chanson, qui lui reviendraient normalement, seront reversés à des organisations venant en aide aux victimes de la guerre sur le terrain.
Libianca a quitté St Paul, dans le Minnesota, pour Bamenda à l’âge de quatre ans. Sa mère était aux prises avec des problèmes d’immigration et a décidé de partir avant d’être expulsée.
« Je me souviens d’avoir toujours chanté, d’avoir été celle qui chantait les hymnes à la chapelle », dit-elle.
« Je me souviens avoir écrit des chansons à l’internat… Je me souviens d’avoir été joyeuse. Je n’étais qu’une enfant, vraiment ».
La ville de Bamenda, autrefois prospère, est aujourd’hui au cœur de la guerre actuelle. Les habitants rapportent les fréquents meurtres de civils et de combattants des deux camps. Ils parlent également de bombardements, de fusillades, d’incendies criminels et de bouclages hebdomadaires imposés par les séparatistes.
« Bamenda est pratiquement en cendres… il n’y a plus rien », déplore Libianca.
« J’ai pu bénéficier d’un environnement sain et dynamique. J’ai pu être un enfant, courir partout sans me soucier de ma sécurité.
« Il y a des enfants de cette tranche d’âge qui ont perdu toute leur famille et beaucoup d’autres qui sont morts aussi.
Même si la guerre est toujours dans son esprit, Libianca souhaite mettre un terme aux menaces de mort qu’elle a reçues et a toujours clairement fait savoir qu’elle était déterminée à poursuivre sa tournée à une date ultérieure.
Elle se prépare actuellement pour une série de concerts en Europe, qui débuteront fin mai, et a annoncé la semaine dernière de nouvelles dates pour sa tournée nord-américaine, qui débutera en août.
« J’ai hâte d’apporter de l’amour et de chanter des sérénades dans l’âme des gens », dit-elle.
Et même si le conflit au Cameroun continue de faire rage, Libianca estime qu’il y a des raisons d’être optimiste dans son pays bien-aimé.
« Il y a beaucoup de choses que nous devons abandonner », reconnaît-elle.
« Mais je crois que même si, dans tout le pays, 100 personnes sont comme moi et sont déterminées à faire avancer les choses, nous pouvons y parvenir ensemble. Nous pouvons y arriver. »
Par : Barsene Saint Paul /Afrique Première