Roland Dumas, Mitterrandien de la 1ère heure et grande figure de la Françafrique, a tiré sa révérence.

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Former foreign minister Roland Dumas speaks at a commemorative event on the 25th anniversary of the signing of the Two-Plus-Four Treaty in Berlin, Germany, 11 September 2015. The Two-Plus-Four Treaty was signed in September 1990, paving the way for German reunification. EPA/KAY NIETFELD (MaxPPP TagID: epalive818999.jpg) [Photo via MaxPPP]

Son père, Georges Dumas, était un fonctionnaire qui a combattu contre les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale. Malheureusement, il fut capturé et tué par la Gestapo en 1944. Suivant les traces de son père, Roland rejoignit le mouvement de résistance et reçut une médaille pour sa bravoure.

Après des études de droit à Paris, Roland devient journaliste et travaille pour différents journaux dans les années 1950. Il devient également avocat et défend des personnalités comme François Mitterrand et des artistes célèbres comme Marc Chagall.

Roland Dumas ne s’est pas limité au journalisme et au droit : il s’est également lancé dans la politique. Il a été élu député dans différentes régions de France au fil des années, représentant différents partis politiques. C’était un fonctionnaire dévoué qui travaillait fort pour faire une différence dans sa communauté.

Roland Dumas a été élu plusieurs fois pour représenter la population dans différentes régions de la France. Il a occupé des postes importants dans le gouvernement, comme ministre des Affaires européennes et des Affaires étrangères.

Au cours de l’année 1983, il est l’émissaire spécial de François Mitterrand auprès du colonel Kadhafi. Il tente de dissuader la Libye d’envahir le Tchad via une rébellion nord-tchadienne, ce qui aurait forcé la France à intervenir pour maintenir le régime en place. Kadhafi lui promet de ne pas pénétrer au sud du 15e parallèle. Le Tchad est ainsi provisoirement coupé en deux, mais le régime de N’Djaména est maintenu grâce à l’action de la France.

Grâce à sa proximité avec la femme d’affaires Nahed Ojjeh, il effectue aussi plusieurs visites secrètes auprès du président syrien Hafez el-Assad.

Homme de réseau, franc-maçon, membre du Grand Orient de France à partir de 1980 profitant de la confiance totale du président de la République, il incarne la Françafrique mitterrandienne, qui s’articule notamment autour d’Omar Bongo et l’entreprise pétrolière Elf Aquitaine, en contact direct avec le Président de la République au détriment des Premiers ministres, et s’appuyant sur son entregent et ses collaborateurs plutôt que sur la diplomatie des fonctionnaires du Quai d’Orsay.

Il effectue également, hors fonctions officielles, des missions secrètes au profit de François Mitterrand en Afrique et au Proche-Orient, mais également pour la politique intérieure comme quand il rencontre Roland Gaucher, membre du bureau politique du Front national durant l’entre-deux-tours de la présidentielle de 1988, pour s’assurer que l’extrême-droite n’appellera pas à faire battre le candidat socialiste.

Photo de Me Roland Dumas dans les années 50

Le 22 février 1995, deux mois avant la fin du mandat de François Mitterrand, Roland Dumas est nommé par le président de la République à la tête du Conseil constitutionnel et prête serment le 8 mars suivant. L’accueil par les sages de la rue de Montpensier, qui lui reprochent, selon Raphaëlle Bacqué, une « certaine amoralité » en comparaison de son prédécesseur Robert Badinter, est froid, mais il séduit rapidement par son esprit d’ouverture.

Cependant, en 2000, il quitte la politique après avoir été impliqué dans des affaires judiciaires, dont une affaire de corruption, l’affaire Elf, qui lui vaut d’être condamné en première instance à six mois de prison ferme et deux ans avec sursis, puis d’obtenir une relaxe en appel en janvier 2003. Plus tard, il a été accusé de recel de fonds publics. Roland Dumas est également un écrivain, avec plusieurs livres à son actif.

En 2011, pendant la crise électorale en côte d’Ivoire, il apportera son soutien indéfectible au président Laurent Gbagbo au prise avec Alassane Ouattara, candidat à la présidentielle de l’opposition en 2010. Sans oublier son soutien à l’humoriste polémiste franco-camerounais Dieudonné Mballa Mballa.

Côté vie privée, en décembre 1951, il épouse à Paris Théodora Voultepsis, une jeune femme d’origine grecque, alors qu’il est encore étudiant. Mais l’union tourne court rapidement et leur divorce est prononcé en 1954. Plus tard, il fait la connaissance d’Anne-Marie Lillet, 17 ans et héritière des apéritifs Lillet, de 22 ans sa cadette. Le couple se marie le 22 avril 1961, en Gironde. Le couple a trois enfants ; Delphine (née en 1962), David (né en 1964) et Damien (né en 1968), dont François Mitterrand est le parrain. Dans les années 80, Roland Dumas a une relation avec Christine Deviers-Joncour qui contribuera à ternir son image l’implication dans l’affaire Elf.

Roland Dumas meurt à l’âge de 101 ans le 3 juillet 2024.

Par : Arsène de Bangweni

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