Le vendredi 9 août, Journée internationale des peuples autochtones, le gouvernement tanzanien a expulsé de nombreux membres de la communauté masaï du parc du cratère du Ngorongoro au cours des deux dernières années. Ces éleveurs semi-nomades vivaient dans cet important site de biodiversité bien avant sa création. Le gouvernement affirme qu’ils sont trop nombreux pour protéger correctement la nature, mais certaines organisations affirment vouloir simplement stimuler le tourisme.
Le gouvernement tanzanien estime que le peuple Massaï est devenu trop nombreux et possède trop de bétail pour assurer une bonne protection de la nature.
Mais l’organisation de défense des droits humains Human Rights Watch pense différemment. Selon l’ONG, le gouvernement souhaite en réalité y développer le tourisme et a violé les droits de ces communautés en les relocalisant de force à 600 km de là. Selon HRW, le gouvernement n’a pas impliqué le peuple Massaï dans ces relocalisations, et n’a pas non plus obtenu leur consentement comme l’exige le droit international.
Les autorités ont également eu recours à des « tactiques abusives » pour les contraindre à partir, raconte la chercheuse Juliana Nnoko, qui a recueilli de nombreux témoignages sur le terrain : « Ces deux dernières années, le gouvernement a systématiquement réduit les fonds alloués aux services publics dans la zone protégée. Des fonds pour les écoles, les centres de santé… »
Cette situation n’est pas spécifique à la Tanzanie : « L’expulsion des populations autochtones de leurs terres ancestrales pour créer des zones de conservation a été documentée partout en Afrique : dans le bassin du Congo avec les Batwa et les Baka qui ont été évincés de leurs forêts, au Cameroun avec Korup. Parc National… Basé à chaque fois sur une politique coloniale. »
Système de pâturage en rotation, liens culturels : les peuples autochtones comme les Massaï vivent souvent en tandem avec la nature. Et les scientifiques s’accordent désormais sur le fait que les projets de conservation doivent être développés avec les communautés locales pour être efficaces. Mais de nombreux dirigeants africains font encore la sourde oreille.
Par : Arsène de Bangweni / Afrique Première Tv