Il y a près de 80 ans en Algérie, le 8 mai 1945 à Sétif, un défilé célébrant la victoire des Alliés sur le nazisme tournait à la tragédie. Le rassemblement, qui s’était transformé en une manifestation pour une Algérie libre et indépendante, a été réprimé par les forces françaises. Résultat : des milliers de manifestants tués. Lors des commémorations de ce massacre, Abdelmadjid Tebboune a adressé un message mardi, notamment à Paris.
Le président algérien a déclaré que la question de la mémoire avec la France « ne peut faire l’objet de concessions ou de compromis ». Cette déclaration n’est pas passée inaperçue. « La question de la mémoire restera au cœur de nos préoccupations », a ajouté Abdelmadjid Tebboune, « jusqu’à ce qu’elle soit abordée de manière objective, audacieuse et équitable par rapport à la vérité historique ». Le chef de l’Etat algérien s’est certes dit « prêt à avancer vers l’avenir dans un climat de confiance », mais il a également tenu à souligner que « la crédibilité et le sérieux sont une condition fondamentale pour mener à bien les mesures et les efforts liés à ce dossier délicat », et une question sensible. » Un message doux-amer adressé à Paris.
L’Algérie veut rappeler à la France ses exigences sur cette question mémorielle. Premièrement, concernant les archives algériennes. Si certains ont déjà été restitués, il reste encore de nombreux documents en France. Les archives gouvernementales, coloniales, diplomatiques et militaires sont réparties dans différents lieux : Aix-en-Provence, Pierrefitte, Vincennes et Paris. La commission franco-algérienne d’historiens a proposé d’en restituer certains et d’en numériser d’autres. L’Algérie insiste pour récupérer tous les documents originaux. Autre point de discorde : la restitution des effets personnels de l’émir Abdelkader, une question très complexe. Paris ne peut rien restituer tant que la loi-cadre sur la restitution des biens culturels n’est pas votée. Mais cette loi, qui devait être présentée au printemps, ne sera examinée par le Parlement français qu’à l’automne au plus tôt. Autre défi, cette loi pourrait ne pas permettre la restitution des armes, ce qui pose problème pour les sabres de l’émir Abdelkader.
Par : Barsene Saint Paul / Afrique Première