L’Afrique du Sud a décidé d’affronter les démons de son passé. Sous la pression des familles de victimes, le président Cyril Ramaphosa a annoncé cette semaine la création d’une commission d’enquête pour tenter de comprendre pourquoi tant de crimes remontant à l’apartheid n’ont jamais été poursuivis. Suite à la Commission vérité et réconciliation (CVR), considérée comme un modèle il y a trente ans, de nombreux suspects non amnistiés n’ont jamais été tenus responsables.

Lukhanyo Calata fait partie des proches de victimes qui ont engagé des poursuites judiciaires pour exiger des réponses du gouvernement sud-africain. Son père, Fort Calata, a été tué par la police de l’apartheid en 1985. Depuis, tous les suspects de cette affaire sont décédés. Lukhanyo espère comprendre pourquoi il n’y a jamais eu de procès : « Il est important pour nous de savoir qui sont ces personnes qui nous ont empêchés d’obtenir justice. Le pays doit savoir qui est responsable. Toute l’histoire doit être révélée. »
Suite à ces pressions, le président Cyril Ramaphosa a finalement accepté la création de cette commission d’enquête afin de faire la lumière sur les soupçons d’ingérence politique des précédents gouvernements de l’ANC. Cependant, le collectif des familles de victimes ne souhaite pas interrompre les procédures judiciaires, notamment pour obtenir des dommages et intérêts.
Le collectif réclame près de 8 millions d’euros, pour compenser ses droits constitutionnels bafoués et afin de financer de futurs procès ainsi que des événements commémoratifs.
Zaid Kimmie, directeur de la Fondation pour les droits de l’homme (FHR), qui soutient l’initiative, a déclaré : « Nous attendons une action décisive sur cette affaire, et c’est pourquoi nous poursuivrons la procédure judiciaire. Le président a déjà indiqué qu’il s’y opposerait. Mais nous persévérerons et demanderons au tribunal de rendre une décision ».
Par : Vanessa Ndome / Afrique Première TV